Saviez-vous que…
Auteur
LOUIS ROY
LES NOUVEAUX BUREAUX FUTURISTES DE GOOGLE
Vous vous souviendrez que dans l’édition du Faisceau de l’automne 2020, nous avions présenté le concept du bâtiment-phare de la compagnie Apple – L’APPLE PARK.
Toujours dans la même veine, nous trouvons intéressant cette fois-ci de vous présenter le campus que GOOGLE vient d’ouvrir pour son personnel à Mountain View en Californie, tout près de San Fran-cisco, dans le quartier Bay View.
MISE EN SITUATION
Fin mars 2022, Alphabet, la maison mère de Google comptait environ 164 000 employés dans le monde (+17% en un an). Rien que dans la baie de San Francisco, 45 000 personnes travaillent pour ce géant des technologies.
C’est pourquoi, à 1,5 km de son siège social, le groupe californien a fait construire deux immenses bâtiments aux allures de tentes en verre et en métal, couvertes de panneaux solaires en forme d’écailles de dragon. Alphabet, n’a pas dévoilé le mon-tant qu’a coûté ce campus prévu pour ac-cueillir jusqu’à 4 500 employés. Même si ce projet n’a pas l’envergure de l’Apple Park (2,8 M pi2 – 12 000 employés), le nid de recherche de Google est quand même grevé de technologies hors de l’ordinaire.
CONCEVOIR UN LIEU DE TRAVAIL ADAPTABLE ET SAIN
La conception du projet a commencé par une analyse approfondie de ce qui fait la force de Google : ses employés. Google a donc conçu ce projet à partir de cette prémisse, c’est-à-dire en donnant la priorité à l’expérience des personnes dans le bâtiment plutôt qu’à la forme extérieure du bâtiment. – situation trop souvent oubliée par les concepteurs.
Après avoir demandé aux « googlers » ce qu’ils attendaient de leur lieu de travail, les architectes du projet ont appris que ces derniers étaient heureux, productifs et créatifs lorsqu’ils se réunissaient en équipe, mais qu’ils avaient besoin d’espaces protégés du bruit et du mouvement pour pouvoir se concentrer sur leur travail. Ainsi, ont été conçus des espaces pour les équipes à l’étage supérieur et des espaces de rassemblement à l’étage inférieur pour séparer les zones de concentration et de collaboration – avec un accès facile entre les deux.
L’étage supérieur est divisé en petits quartiers séparés par des cours et reliés par des rampes qui s’élèvent progressivement à mesure que l’on se déplace vers le centre du bâtiment. Cette variation de la surface au sol permet aux équipes de disposer d’une zone désignée qui évolue en fonction de leurs besoins, tout en restant proche de leur communauté de travail. Le résultat est un bâtiment où l’on peut se sentir connecté aux gens – qu’ils fassent partie de votre organisation plus large de 2 000 personnes, de votre équipe de 50 personnes ou de votre groupe de travail immédiat de 10 personnes.
L’accent mis sur les personnes s’est traduit par une attention particulière portée aux éléments visibles et perceptibles, tels que les matériaux, la lumière du jour, la qualité de l’air, le confort thermique et l’acoustique.
Voici comment se traduit ce concept dans l’ensemble du campus :
- Le campus intègre des principes de conception biophilique (amour de la vie) – tels que la verdure, la lumière naturelle et la vue sur l’extérieur depuis chaque bu-reau, afin d’améliorer la santé et le bien-être de ceux qui s’y trouvent. Les fenêtres à claire-voie modulent la lumière directe sur les bureaux grâce à des stores automa-tisés qui s’ouvrent et se ferment tout au long de la journée.
- Le système de ventilation utilise 100 % de l’air extérieur – un résultat remarquable quand on sait qu’un système classique n’utilise que 20 à 30 % de l’air extérieur.
- Pour créer l’environnement le plus sain possible, les milliers de produits et de ma-tériaux de construction utilisés ont été passés au peigne fin pour en éliminer les toxines. Tout, des dalles de moquette aux peintures, en passant par la tuyauterie, le contreplaqué et le mobilier, a été éva-lué sur la base de la liste rouge du «Living Building Challenge».
- Des œuvres d’art réalisées par des artistes locaux dans le cadre du programme « Artist In Residence » de Google font partie des cours intérieures. Elles ont trait à l’écologie de la région de la baie de San Francisco et fa-cilitent l’orientation dans le bâtiment.
Enfin, le bâtiment est capable d’évoluer en fonction des méthodes de travail. Avec une main-d’œuvre répartie au bureau et en télétravail, l’harmonie doit exister. La nature flexible des espaces de concentration et de collaboration n’est qu’un moyen parmi d’autres de s’adapter à ces changements.
DONNER UNE NOUVELLE DIMENSION À LA CONSTRUCTION ÉCOLOGIQUE
Pour respecter son engagement de fonc-tionner chaque heure de chaque jour avec une énergie sans carbone d’ici 2030, une priorité a été donnée aux énergies renouve-lables et maximisée le potentiel solaire des bâtiments. La « peau solaire » en forme de dragon et les parcs éoliens voisins permet-tront d’alimenter le campus en énergie sans carbone 90 % du temps.
Le campus est également en passe de devenir le plus grand projet certifié par l’International Living Future Institute (ILFI) dans le cadre de ses programmes, quel que soit le niveau de certification. Dans le cadre du « Living Building Challenge » de l’ILFI, Google vise une certification « Water Petal », ce qui signifie que le site est net-positif et que toutes les demandes en eau non potable sont satisfaites grâce à l’eau recyclée produite sur place. Des bassins en surface qui recueillent l’eau de pluie toute l’année et un système de traitement des eaux usées du bâtiment servent de sources d’eau pour les tours de refroidissement, les chasses d’eau et l’irrigation du paysage. Il s’agit d’un grand pas vers le respect de l’engagement de Google à restituer dans la nature 120 % de l’eau qu’elle consomme, et ce, d’ici 2030.
DÉLIMITATION DES ESPACES
Le rez-de-chaussée consiste en des restau-rants, des cafés, des salles de gym et des salles de réunion, répartis autour de plusieurs « places publiques » garnies de canapés telles que « Dinosaur District », « Neon Nature », etc.».
L’étage accueille des bureaux modu-lables, séparés par divers mobiliers, mais pas de murs, pour que les équipes aient l’in-timité dont elles ont besoin tout en restant connectées au reste de la communauté.
Google espère encourager la créativité et le travail d’équipe, les tâches plus soli-taires pouvant être réalisées en télétravail.
Mais gare à la dépendance aux techno-logies : dans les toilettes, une notice donne des conseils pour ne pas être accro à son télé-phone et met aussi en garde contre « l’apnée des courriels » (quand on retient sa respira-tion en relevant son courrier électronique).
Mais ce n’est pas tout, Bay View est un exemple de campus entièrement électrique et démontre ce qui est possible en matière de construction régénérative.
VOICI COMMENT :
- Les deux cuisines qui desservent sept cafés sont équipées de matériel électrique plutôt que de gaz – un modèle pour les cafés et les cuisines entièrement décarbonés.
- Il y a 17,3 acres de zones naturelles de grande valeur – y compris des prairies humides, des bois et un marais qui sont conçus pour rétablir les paysages indi-gènes et réhabiliter les zones humides de la région de la baie. C’est d’autant plus im-portant que Bay View se trouve à proximi-té de la baie de San Francisco.
- Les bassins de rétention d’eau permettent non seulement de recueillir l’eau pour la réutiliser, mais aussi de restaurer la na-ture, de protéger contre l’élévation du ni-veau de la mer et d’accéder à la beauté des zones humides naturelles. De nouveaux bosquets de saules longent les bassins de rétention des eaux pluviales et offrent ain-si des ressources à la faune du secteur.
- Le système intégré de piles géothermiques permettra de chauffer et de refroidir le campus. L’énorme champ géothermique est intégré au système structurel, ce qui permet de réduire de 90 % la quantité d’eau habituellement utilisée pour le re-froidissement, soit l’équivalent de cinq millions de gallons d’eau par an.
- n L’acoustique dans le bâtiment est simi-
laire à celle d’une salle d’opéra.
Les employés d’autres sites de Google, en cas de passage pour quelques jours, peuvent loger dans l’un des 240 appartements construits juste en face du complexe.
CONNEXIONS ET DÉCONNEXIONS
Plusieurs sociétés, comme Twitter, Face-book et Instagram à San Francisco, ont laissé la porte ouverte au télétravail, car de nombreux ingénieurs préfèrent ce fonctionnement. Certaines ont d’ailleurs du mal à faire revenir les équipes en personne, notamment à cause de la peur de la Covid.
Cependant, seul environ 10% du per-sonnel de Google a choisi et obtenu de tra-vailler avant tout en télétravail. Ainsi Goo-gle espère que les nouveaux bureaux, conçus bien avant la pandémie, satisferont les at-tentes des autres employés, qui partagent leur semaine entre présentiel et télétravail.
Un fait saillant qui tombe à point nom-mé à l’ère de la pandémie. Beaucoup de choses, qui avaient été prévues pour le futur, fonctionnent à merveille par rapport à la Co-vid 19. Les architectes pensaient que certains éléments ne seraient profitables que dans une dizaine d’années; cependant le virus a accéléré le processus d’utilité. De plus, les espaces de travail ont été conçus avec la flexi-bilité nécessaire pour faire face à des besoins que personne n’imagine encore.
Sources: Google, The Keyboard – CNBC Tech news – The Seattle Times – Agence France Presse – Wikipedia