COUP D’ŒIL

Auteur
LOUIS ROY

PARLONS ENVIRONNEMENT EN MILIEU URBANISÉ

À la mi-mars 2023, vous avez peut-être entendu parler d’un projet environnemental d’envergure qui mérite, à mon avis, une attention spéciale, soit la création du Parc de conservation métropolitain le long de la rivière des Mille Îles. [voir les sources mentionnées à la fin de l’article]

DIX MUNICIPALITÉS S’ENGAGENT À CRÉER LE « PARC DE CONSERVATION MÉTROPOLITAIN DE LA RIVIÈRE-DES-MILLE-ÎLES »

Dix municipalités de la couronne nord de Montréal s’engagent à créer un grand parc de conservation le long de la rivière des Mille Îles. Elles souhaitent que ce parc, qui deviendrait le plus grand de la région métropolitaine, voie le jour dès 2024.
Le « parc de conservation métropolitain de la Rivière-des-Mille-Îles » s’étendrait sur les 42 kilomètres de ladite rivière, qui se faufile entre Laval et la Rive-Nord (voir le plan). La zone actuellement étudiée pour le parc comporte la rivière elle-même et une partie de ses berges. Selon le périmètre final qui sera retenu, elle pourrait couvrir plus de 5000 hectares : une superficie équivalente à plus de 20 fois celle du parc du Mont-Royal.

Ainsi, les maires des municipalités de Laval, Rosemère, Deux-Montagnes, Boisbriand, Mascouche, Terrebonne, Sainte-Thérèse, Saint-Eustache, Lorraine et Bois-des-Fillion ont annoncé avoir signé une déclaration commune à
cet effet. Ils s’efforceront maintenant d’obtenir un « statut officiel » pour les milieux naturels qui bordent la rivière des Mille-Îles, d’ici 2024.

 

La rivière des Mille-Îles et ses rives constituent une oasis de biodiversité aux fonctions écologiques essentielles, où on y trouve 385 espèces fauniques, dont 88 espèces en péril. De plus, la rivière des Mille-Îles constitue une source d’eau potable pour plusieurs municipalités et un lieu de loisirs, de détente et d’inspiration.

Les élus des municipalités concernées s’engagent à entreprendre toutes les démarches nécessaires en vue d’obtenir un statut de reconnaissance et de protection adapté aux caractéristiques propres à chacun des éléments du parc, qui sera ainsi constitué d’une grande mosaïque d’aires protégées et d’usages diversifiés.

Une Table de concertation régionale est créée et son mandat consiste notamment à garantir l’intégrité et la pérennité du futur parc. L’organisme Éco-Nature présidera la Table et se verra confier la gestion du futur parc.

 

Éco-Nature assume déjà, depuis 1998, la gestion du « Refuge faunique de la Rivière-des-Mille-Îles », un territoire constitué de dix îles et couvrant 26 hectares où la chasse et le camping sont interdits. Le public a l’autorisation d’y circuler, à condition qu’il utilise les sentiers désignés. Cette instance verra également à assurer un financement pérenne du parc.

De plus, plusieurs ministres du gouvernement du Québec accueillent favorablement la nouvelle initiative des dix. Le secteur de la rivière des Mille Îles recèle une grande diversité d’habitats fauniques et où près d’une centaine de ces espèces sont en situation précaire, notamment en raison des impacts des activités humaines sur leurs habitats.

ENCORE QUELQUES INCERTITUDES

En ce moment, il est impossible, de savoir quelle proportion des 5000 hectares visés reste à acquérir puisque le tracé final est encore à l’étude. La Table de concertation aura entre autres pour mandat d’éclaircir ces aspects.

En termes de financement, la Table de concertation régionale disposerait d’un budget de 150 M$ sur 7 ans, dont les deux tiers seraient financés par les Municipalités riveraines. Des projets pourraient être soumis dans le cadre de la Trame verte et bleue du Grand Montréal.

Naturellement, l’implication financière et administrative du Gouvernement du Québec sera nécessaire, car l’aspect financier des municipalités est somme toute limité.De plus, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) siégera à

la Table de concertation. Si le projet aboutit comme prévu, le futur parc de 5000 hectares deviendrait le plus vaste espace protégé de la grande région de Montréal et contribuerait grandement à l’atteinte des objectifs de protection de la CMM, soit 30 % du territoire d’ici 2030.

Or, le temps presse, selon une étude publiée en 2021, force est de constater que la CMM, formée de 82 municipalités, perd ses écosystèmes plus vite qu’elle ne les protège. Entre 1985 et 2015, le rythme d’urbanisation a été cinq fois plus important que le rythme de protection des milieux naturels, constatent les auteurs d’une étude.

CONCLUSION

Souhaitons que cet ambitieux projet environnemental puisse prendre son envol, car la protection de l’environnement est plus que nécessaire dans la grande région métropolitaine de Montréal. Avec un tel projet, les experts s’entendent pour dire qu’il serait possible d’atteindre un maximum de 25 % du territoire protégé avec 20 % des milieux naturels et l’ajout de 5 % par le reboisement de terres en friche. – Dossier à suivre.