Coup d’œil
Auteur
LOUIS ROY
J’ai récemment pris connaissance d’un article de madame Valérie Gamache, journaliste à Radio-Canada, quant aux nouvelles normes de construction que le Gouvernement fédéral se propose d’adopter en rapport avec les changements climatiques et les coûts qu’ils engendrent.
Même si le processus est en cours d’élaboration, il est suffisamment avancé pour que nous puissions penser que la volonté politique devrait, dans un avenir pas si lointain, avoir un impact sur le quotidien des professionnels de l’immobilier.
NOUVELLES NORMES FÉDÉRALES DE CONSTRUCTION POUR S’ADAPTER AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Ottawa publie sa toute première Stratégie nationale d’adaptation, un guide pour orienter les futures actions face aux impacts des changements climatiques.
Deux mois après le passage dévastateur de la tempête Fiona dans les provinces atlantiques, le gouvernement fédéral lance sa toute première stratégie d’adaptation aux changements climatiques. Ottawa investit 1,6 milliard de dollars pour « préparer le Canada à un avenir résilient au changement climatique », a annoncé Bill Blair, ministre de la Protection civile.
«L’adaptation consiste à trouver de nouvelles façons de prendre des décisions, de bâtir des collectivités et des entreprises, de se protéger mutuellement et de protéger les lieux que nous valorisons en prévision des impacts de ces changements climatiques», précise le document d’une soixantaine de pages, rendu public jeudi.
Présenté à l’Île-du-Prince-Édouard, une région particulièrement éprouvée par Fiona, ce programme aidera notamment les municipalités et les cantons à financer des infrastructures publiques qui résisteront aux inondations, par exemple, ou encore soutiendra la protection de la nature et de la biodiversité.
Comme les autres provinces atlantiques, cette région insulaire tente de se relever après le passage de Fiona, la tempête qui a frappé la côte atlantique à la fin de septembre et qui a causé des dommages de 660 millions de dollars, selon le Bureau de l’assurance du Canada (BAC).
Cela en fait la tempête la plus coûteuse à avoir frappé la région atlantique.
Les événements météo violents sont appelés à être de plus en plus fréquents et le gouvernement estime que, d’ici 2030, les catastrophes naturelles entraîneront des pertes qui s’élèveront à 15,4 milliards de dollars chaque année.
«LE CLIMAT CANADIEN EST EN TRAIN DE CHANGER DE FAÇON IRRÉVERSIBLE.» — EXTRAIT DE LA STRATÉGIE NATIONALE D’ADAPTATION DU CANADA
Ces dernières années, on a vu, et pas seulement au Canada, mais partout dans le monde, une augmentation de fréquence et de la sévérité des événements climatiques, a déclaré Bill Blair en citant les feux de forêt et les inondations survenus ces derniers mois.
Les inondations, précisément, figurent parmi les événements extrêmes les plus coûteux : elles représentent des pertes de 2,9 milliards par année, et ce, uniquement pour les dommages causés aux résidences.
NOUVELLES NORMES DE CONSTRUCTION
Pour limiter les dommages et pour réduire la facture, de nouvelles normes de construction seront mises en œuvre. Un guide pour rendre les nouveaux bâtiments plus résistants aux inondations et aux feux de forêt sera élaboré. Cette seule mesure permettra de réaliser des économies de l’ordre de 4,7 milliards par année, selon le gouvernement.
Ottawa espère aussi que la moitié des Canadiens adopteront des mesures pour adapter leur résidence aux risques liés aux changements climatiques d’ici 2025.
Enfin, d’ici trois ans, le gouvernement vise à verser, dans 65 % des cas, un financement supplémentaire aux provinces qui réclament de l’aide à la suite d’une catastrophe naturelle, le tout pour mettre en œuvre des mesures de préparation, d’intervention et de rétablissement pour faire face aux catastrophes futures.
«La nouveauté, c’est que le Canada se positionne comme coordonnateur avec les différents paliers de gouvernements», explique Julien Bourque, associé de recherche à l’Institut canadien pour des choix climatiques, en entrevue à l’émission Midi info.
Ayant lui-même participé à l’élaboration de cette nouvelle stratégie, M. Bourque reconnaît que le financement fédéral aurait pu être plus généreux, mais il s’agit avant tout d’un «premier pas», défend-il.
«On ne peut pas se baser seulement sur des dollars fédéraux pour répondre à l’urgence climatique en termes d’adaptation, dit l’expert en gestion environnementale. C’est sûr que les autres paliers aussi vont devoir investir, ainsi que le secteur privé […].»
DISCUSSIONS AVEC LES PROVINCES
En tout, le gouvernement fédéral propose 84 mesures pour améliorer la résilience du Canada par rapport aux changements climatiques.
Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a mené des consultations dans tout le pays pour établir sa stratégie de résilience face aux changements climatiques, mais le document dévoilé jeudi n’est pas tout à fait au point.
Ainsi, les provinces, les municipalités et les organisations autochtones n’ont pas encore donné leur accord final. Les discussions vont se poursuivre au cours des trois prochains mois pour s’assurer que la stra-tégie fédérale réponde aux besoins de tous. Dans sa forme actuelle, le document insiste sur l’implication des Autochtones à plusieurs égards. Il prône notamment l’aide des communautés pour renforcer leurs capacités d’établir davantage d’aires protégées et de conservation autochtones. «Les peuples autochtones et les corps dirigeants autochtones sont des partenaires clés de l’action d’adaptation, peut-on lire dans la stratégie. […] Ce sont des leaders, qui possèdent une connaissance approfondie des systèmes naturels et une expérience millénaire en tant que gardiens de l’environnement.»
La Stratégie préconise, en conclusion, des «rapports d’étapes réguliers» avec des mises à jour, des suivis et des évaluations constantes sur l’engagement du Canada contre la crise climatique.
Source : INFO Radio-Canada, 24 novembre 2022 – Mme Valérie Gamache, journaliste.
https://www.scribd.com/document/610009460/Strate-gie-nationale-d-adaptation-du-Canada#from_embed